Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le ROR est massivement utilisé pour recenser les places disponibles en soins critiques et orienter au mieux les patients atteints du Covid-19 vers les structures les plus appropriées. Nous avons croisé trois regards afin de mieux comprendre comment cet outil s’est adapté et intégré à la gestion de la crise sanitaire.
Le regard de M. Yannick Le Guen, Directeur de l’innovation, de la recherche et de la transformation numérique, ARS Île-de-France
Le ROR est pour le régulateur de santé régional qu’est l’ARS un formidable outil de pilotage. Il permet non seulement un référencement exhaustif de l’offre de soins mais il est aussi un outil de partage et d’orientation. Le ROR a la particularité de faire la liaison entre le monde du sanitaire, du médico-social et du libéral.
La qualité et l’exhaustivité des données renseignées s’expliquent par le fait que ce sont les établissements eux-mêmes qui en sont responsables. De même, la restitution des indicateurs grâce à une application mobile spécialement conçue en Île-de-France, permet un accès fluide, et une meilleure appropriation des acteurs.
Dans le cadre de la crise sanitaire Covid-19, l’ARS Ile-de-France a demandé au GCS SESAN de faire évoluer le module disponibilité en lits du ROR pour l’étendre aux soins critiques COVID. L’objectif était d’optimiser la prise en charge des patients atteints du Covid, notamment pour l’orientation en réanimation. Il a également permis de contribuer aux transferts vers les autres régions grâce à une vision agrégée régionale et nationale (à la main de la DGOS).
« Le ROR est devenu un outil indispensable et crucial de la pandémie sans lequel nous n’aurions pas pu faire face. La connaissance de l’ensemble de l’offre de la région et la possibilité de consultation de la disponibilité des lits en soins critiques étaient vitales pour assurer le suivi de la crise au quotidien. » souligne Yannick Le Guen
Au-delà de la crise, le ROR est à ce jour le seul référentiel de description de l’offre de soins régionale. Il est indispensable à l’alimentation de la plupart des services numériques franciliens. Le prochain grand chantier du ROR est la poursuite du monde du médico-social et du handicap mais aussi de s’adapter aux nouvelles organisations (CPTS, DAC, etc). Le projet de co-construction d’un outil national prendra en compte les spécificités régionales : à ce titre, il s’articulera autour d’un pilotage partagé avec les régions.
« Le ROR est le seul outil à être validé par le puissance publique et qui offre une garantie de neutralité aux professionnels de santé. » ajoute Yannick Le Guen
Le regard du Dr François Dolveck, Directeur Médical du Samu de Seine et Marne, Responsable du département de médecine d’urgence Samu-Smur-SAU santé pôle Melun et Conseiller médical de SESAN et à l’origine de la création du ROR en Île-de-France.
En Ile-de-France, le projet « ROR », Répertoire Opérationnel des Ressources, est né il y a 12 ans, créé par le GCS SESAN. Co-construit avec 6 autres régions, la solution proposée par l’Ile-de-France couvre aujourd’hui 60% du territoire français. Son objectif premier était d’apporter une aide à l’orientation des patients les plus aigus. Initialement installé dans les SAMU, il était cependant relativement peu sollicité du fait de l’existence d’une multitude de réseaux locaux. Rapidement enrichit par la disponibilité des lits de réanimation en soins intensifs et continus, le ROR a permis d’améliorer l’orientation des patients.
Toutefois, l’adhésion à l’outil a, jusque-là, été hétérogène. La crise sanitaire actuelle apporte un tout nouvel éclairage : elle souligne la nécessité d’un outil référençant la disponibilité de l’offre de soins, qui est rendue possible grâce à une information structurée, précise, partagée, transparente et exhaustive. Rappelons que le ROR est autant un outil de déclaration de disponibilité que de pilotage et d’orientation des patients.
« Compte tenu de la gravité de la crise que nous vivons, nos tutelles et nos acteurs se sont fortement engagés dans l’usage de cet outil ce qui le rend incontournable et indispensable pour la gestion de crise et la bonne orientation des patients», indique François Dolveck.
Le regard de M. Cédric Barbieux, Directeur du Projet ROR chez SESAN
Depuis le début de la crise, tous les établissements de santé d’Ile-de-France ont eu accès à la fonctionnalité de disponibilité en lit en soin critique du ROR, tout comme l’ensemble des acteurs de la régulation (SAMU). Parallèlement, SESAN a fourni à l’ARS IDF (cellule « bed management ») et à la cellule de régulation de l’AP-HP des reportings et outils de pilotages grâce notamment au Système d’Information Géographique « Santégraphie ».
Avant la crise sanitaire, il y avait près de 200 mises à jour quotidienne des disponibilités en lit. Au 31 mars, au moment du pic de l’épidémie, on en comptait plus de 1 300. En parallèle, les cellules d’orientation qui recherchent les places disponibles ont multiplié leur consultation du ROR par 50. En temps normal, les établissements de santé renseignent et valident les données d’offres de soins. Mais au vu de l’urgence de la situation sanitaire, SESAN a exceptionnellement pris en charge ces modifications. L’idée était de faire gagner du temps aux établissements qui se sont réorganisés pour ouvrir des lits de réanimation en urgence. Le 6 avril, l’offre de 115 établissements de santé public et privés a été revus, ce qui représente près de 300 modifications de fiches ROR pour les services de soins critiques.
Pour renforcer l’usage du ROR, et accompagner les établissements, SESAN a renforcé et étendu le support utilisateur 7 jours sur 7 de 8h à 22h.
« Nous avons réussi la prouesse de mettre en place les paramétrages du ROR et à créer des comptes pour les établissements de santé une semaine avant le pic », précise Cédric Barbieux.